Témoignage de Monsieur Bernard Branger, Président de la Fondation Charles Mion – AIDER Santé

Traitement des maladies rénales

Témoignage de Monsieur Bernard Branger, Président de la Fondation Charles Mion – AIDER Santé

Bernard BRANGER

Président de la Fondation Charles Mion - AIDER Santé

Pourquoi ? Eternelle question qui se pose à tout âge dès que la raison apparait dans l'esprit de l'enfant puis de l'adulte.

Pourquoi ?

Pourquoi ? Eternelle question qui se pose à tout âge dès que la raison apparait dans l’esprit de l ‘enfant puis de l’adulte.

Pourquoi ? Question qui appelle une réponse. Parmi les principaux pourquoi ? Se situe la vie et la maladie : la réponse logique et évidente pour cette dernière est la science médicale. En effet dans le domaine des sciences humaines, la médecine occupe un tout premier rang.

Pourquoi la spécialité de néphrologie ? Crée en France dans les années 1960, cette année n’est pas liée au hasard : c’est l’année où Belding H. Scribner apporta la preuve que l’hémodialyse permettrait d’assurer la survie au long cours des insuffisants rénaux chroniques tous alors condamnés à mort sans appel par coma urémique.

Pour moi, le choix de cette spécialité s’est fait en 1972, après un remplacement d’interne, étant étudiant dans le service du Professeur Jacques Mirouze sous la direction du Professeur Charles Mion pour la dialyse : cette spécialité allie au mieux pour moi, les connaissances scientifiques et leur mise en pratique avec efficacité immédiate en tangible avec un patron, Charles Mion,  impulsant rigueur et écoute des malades.

Ainsi j’ai découvert le « découvreur » de la substitution de l’acétate de sodium au bicarbonate de sodium dans le bain de dialyse, travail et thèse de Charles Mion. Parmi les multiples désordres liés à l’insuffisance rénale chronique, « urémie » n’étant plus guère utilisé, l’acidose métabolique doit être corrigée par un « tampon » bicarbonate tampon naturel ou acétate, qui est un précurseur de celui-ci.

Mais, et c’est le fondement même de la démarche scientifique, cet acquis, qui a permis la large diffusion de la dialyse, y compris à domicile par la simplification des appareils techniques, s’est entaché au fil du temps, de plus sombres aspects : chute de pression artérielle pendant les séances de dialyse, mal-tolérance de celles-ci chez les personnes fragiles notamment âgées (en ce temps-là plus de 70 ans en était la définition) et vieillissement vasculaire accéléré !

C’est ainsi que mon sujet de thèse fut proposé par Charles Mion: mise au point d’un système de dialyse avec bicarbonate avec un appareil portable : le système REDY qui régénère le dialysat en circuit fermé avec une cartouche spécifique. Cette technique était liée à la conquête spatiale qui a mis en pratique le recyclage de l’urine des cosmonautes afin d’en conserver l’eau pour la toilette. La réalité du rêve !!

1978 : à l’issue de 7 mois de tâtonnement puis de validation clinique ça marche !! Avec ce système, la correction de l’acidose du dialysé, responsable de gros problèmes, notamment osseux, est complète, la tolérance aux dialyses excellente !! Mais …, 5 ans plus tard il s’avère que l’alumine contenue dans la cartouche pour fixer l’uréase, enzyme « moteur » pour le recyclage du dialysat chargé en urée, relargue de l’aluminium, métal toxique pour les dialysés que les reins propres ne peuvent éliminer. Les conséquences sont d’autres problèmes osseux et neurologiques, qui ont conduit à l’abandon de cette technique. Entre-temps, d’autres systèmes de dialyse bicarbonate étaient développés par l’industrie et disponibles pour tous.

Pourquoi relater ces épisodes du développement de la dialyse et ses échecs : parce que l’erreur, certes involontaire, fait partie de notre quotidien. J’ai gardé en mémoire cette phrase du Professeur MATTEI prononcé lors d’une conférence au CHU de Nîmes : « les 3 qualités d’un médecin sont la modestie, qui se doit de reconnaitre ses limites et erreurs, associée à la curiosité et la persévérance « : Nous avons été à bonne école avec Charles Mion !

Technique et organisation des soins vont de pair, c’est ainsi que l’AIDER Association pour   l’installation à domicile des épurations rénale, crée en 1971 est devenue le fil conducteur de la dialyse en Languedoc Roussillon. AIDER que quelques rares « anciens » prononcent encore AIDAIR, est devenu AIDER SANTE, avec la bonne prononciation aider comme aimer. Evolution logique à l’heure du numérique que les moteurs de recherche situent immédiatement, AIDER SANTE est la pierre angulaire de la Fondation Charles Mion, transformation de l’association en fondation validée par le conseil d’état en 2021. Bien sûr en reconnaissance à son médecin fondateur historique, mais aussi transformation dans la perspective de toute entreprise : la pérennité en est la toute première condition. Le statut de fondation l’apporte avec son label d’intérêt d’utilité publique !

Longue vie à AIDER SANTE !  L’esprit pionnier des années 1970 a été relayé par les différents présidents qui s’y sont succédés : Jacques Mirouze, Charles Mion, Bernard Canaud et votre serviteur, et par celles et ceux qui auront à prendre la suite !

Merci à tous les acteurs patients et leurs accompagnants, qui nous ont beaucoup appris, soignants de tous les grades incluant les pharmaciens, techniciens, diététiciennes, services et directions, administrateurs avec une mention particulière pour André VIAL fondateur qui a su créer les statuts d’une association qui 50 ans après fait la fierté de ses membres, merci à tous ceux qui ont fait confiance à l’AIDER !

 

AIDER c’est AIIMER